L’homme qui refusa de saluer Hitler, 1936
L’humanité se peuple de diverses espèces
Les supers-vilains, façonnés par la haine et l’amour du mal, les gens normaux agissant pour leur propre survie, et puis il y’a les héros, guidés par une profonde morale et un courage hors-norme.
August Landmesser, l’homme aux bras croisés, était un héros.
Portraits d’August Landmesser (rebelle bellâtre)
Un jour de 1936, une foule d’allemands se rassemble pour assister à la mise à l’eau d’un navire, le Horst Wessel ; Adolf Hitler doit y prononcer un discours… Dans ce bain de foule se trouve mécanos, soldats, officiers, fonctionnaires, ou encore simples curieux ; tous adhèrent à la politique nazi, ou en tout cas n’ose pas témoigner du contraire.
Tous, sauf cet irréductible August ; au moment de saluer le führer, et de faire honneur à la nation allemande, les bras se tendent, mais notre héros, lui, n’opère guère.
Mais quelle est la raison de cet acte de rébellion ? Pour le savoir, il est nécessaire de revenir quelques années avant la prise de ce cliché…
En 1931, August Landmesser rejoint le parti Nazi, non-pas par idéologie, mais simplement porté par l’espoir que des connections au sein de ce mouvement lui amèneront des opportunités professionnelles.
En 1935, le jeune homme de 25 ans épouse Irma Eckler ; problème majeur dans l’Allemagne de l’époque : elle est juive… Cette même année, le couple défie encore un peu plus le régime en mettant au monde un enfant, Ingrid. August est alors renvoyé du parti.
Irma Eckler
Mais l’histoire ne s’arrête malheureusement pas à l’évènement du 13 juin 1936, lorsque le jeune homme refuse de saluer Hitler…
En 1937, le couple tente de s’enfuir et s’envole pour le Danemark, où ils sont appréhendés par les autorités allemandes. Irma Eeckler est alors enceinte de leur deuxième enfant, Irène ; le couple est jugé et reconnu coupable de « déshonneur envers la race allemande ».
En 1938, August est condamné à deux ans et demi de travaux forcés dans le camp de Börgermoor. En 1944, il est envoyé sur le front d’Afrique, où il périt.
En 1942, Irma est envoyée dans le camp de Ravensbrück où elle est assassinée.
Leurs deux enfants furent séparés, envoyés dans des orphelinats, mais survécurent à la guerre.
Photo de famille, juin 1938